Le contexte du forum

« Journal de Teagen Woods.

23h00.

Assise sur un minable lit en fer, j’attendais. La porte qui fermait ma cellule était peinte en un affreux gris métal, les murs recouverts de toile d’araignée. Je ne savais pas ce qui était le pire : vivre dans cette prison, en sachant que j’y vivrais toute ma vie – ou presque, ou vivre avec mes regrets. Des regrets, on n’a que ça lorsqu’on est enfermé dans une prison. Je ne regrette pas mon acte qui m’a conduit ici, j’avais mes raisons de faire ça, non, je regrette juste de ne pas avoir profité de la vie avant ça. J’ai l’impression de ne plus avoir vu le soleil depuis des lustres. J’ai vingt cinq-ans, je suis emprisonnée depuis trois ans, et je regrette. Bon, je crois que je ferais mieux de dormir ; ça m’évitera de penser. Penser tue mon esprit, du moins ce qu’il en reste.

06h00.

Encore une nuit passée ici. Bizarrement, mon dos ne me faisait pas mal – ce qui relevait de l’exploit, vu la dureté de mon lit. Doucement, j’ouvris les yeux et là, surprise ! Je n’étais pas dans ma cellule, je n’y était plus. J’étais couchée dans un grand lit blanc, aux draps doux et soyeux. Le bleu de la tapisserie me semblait de la même couleur que la mer, mais je n’aurais pas pu y mettre la main au feu. Complètement chamboulée, je réussis tout de même à me lever et à sortir dehors. J’eu droit à une magnifique vue – le genre de choses que l’on ne voit qu’une fois dans sa vie. La mer était en face de moi, et une immense plage au sable fin s’étendait à perte de vue. Je fus incapable de bouger pendant quelques instants, tellement je fus surprise. Où étais-je ? Etais-je morte ? Je compris vite que je n’aurai pas les réponses à mes questions, en restant là debout face à la mer. »